l’art de pivoter

Pivoter, pourquoi faire ?

Une solution, un produit ou un service innovant doit développer des stratégies adaptées pour être adopté par le marché. Que se passe-t-il quand le marché n’est pas prêt ou n’a pas les moyens de l’acquérir ? Ou bien quand la solution n’est pas tout à fait adaptée aux besoins des utilisateurs ?

En premier lieu, il s’agit de travailler son business modèle et d’utiliser l’art de pivoter après des phases de test du marché pour éviter la casse.

le business modèle, le bloc moteur de la startup

Au cœur de la dynamique d’une startup ou d’une entreprise innovante, le business modèle est l’affaire d’un travail de longue haleine. Pour autant, quand le marché ne répond pas tel que l’avait espéré les fondateurs, pivoter devient nécessaire au risque de devoir fermer la porte.

Prenons l’exemple de Kodak qui avait les moyens financiers et en ingénierie de développer des appareils numériques : ce n’est pas une faute de management qui a précipité son déclin. L’entreprise leader dans le marché du cinéma, de la photographie professionnelle et grand public a été prisonnière de son business modèle.

Qu'est-ce que le business modèle ?

Le business model, ou modèle économique, modèle d’affaires, décrit précisément comment l’entreprise va gagner de l’argent. En pratique, cela revient à définir ce qu’elle vend, auprès de quels clients, dans quel but, de quelle manière et pour quel bénéfice. 

Il s’agit d’une pièce maîtresse du projet de la création de la startup. Elle est au service d’une stratégie à définir.

La description du modèle économique doit permettre de répondre à deux questions :

– l’offre répond-elle à un véritable besoin ?

– Les créateurs ont-ils imaginé toutes les possibilités de se démarquer de la concurrence par l’innovation, les moyens mis en œuvre ou la stratégie commerciale ?

Comment décrire le business modèle ?

La manière la plus simple est de répondre aux questions suivantes :

quel est le produit ou le service proposé ?

quels sont les bénéfices ou les avantages du produit ou du service par rapport à la concurrence ?

qui sont les clients et comment ils vont être touchés ?

quels sont les moyens à mettre en œuvre pour créer le produit ou le service ?

quelles sont les principales dépenses et recettes générées par l’activité de la startup ?

Bpifrance a dédié une page au  Business Model Canva qui est très bien faite. Ci-dessous, vous trouverez le business modele canva interactif.

Lium, cas d'école pour l'art de pivoter

Lium, startup adhérente de La French Tech Grande Provence, est arrivée en 2021 avec une proposition de valeur enthousiasmante : face aux feux de forêts en Provence (et dans le monde), les deux fondateurs ont proposé un ballon captif gonflé à l’hélium, doté d’une caméra pour permettre aux pompiers d’être alertés rapidement par un départ de feu ou contrôler l’étendue de l’incendie pour intervenir au bon endroit.

Ils ont démarché plusieurs S.D.I.S. (Service Départemental d’Incendie et de Secours de la Région Sud. Leur innovation low-tech, plus performante et moins coûteuse qu’un hélicoptère a généré de l’intérêt. Seul hic, les S.D.I.S. ont vu leurs moyens financiers décroître au fil des années. Le besoin était bien là, mais pas les moyens.

Les deux fondateurs, Thomas Fattore et Guilain Yvon, sont rentrés désespérés : « nous nous sommes assis par terre très tristes » a confié Guilain lors d’un échange de pratiques avec les incubés le 16 mai 2024.

Ils ont pivoté ! Autrement dit, ils ont examiné quelles étaient les autres cibles à qui la solution pouvait s’adresser et qui avaient les moyens de l’acquérir : les sites sensibles industriels. La solution de Lium permet de sécuriser les sites en détectant les intrusions, les départs de feu, les fuites de gaz, d’identifier des personnes, des drones, des gaz polluants et de superviser le déploiement d’équipes au sol.

Le pivotement de Lium est d’autant plus remarquable que la startup développe une solution hardware pour laquelle la R&D, les tests et l’industrialisation sont plus beaucoup longs que les solutions reposant sur le software.

Ils ont saisi l’opportunité de faire partie de la première session de l’incubateur de GRT Gaz, devenu depuis leur client avec qui ils ont signé un contrat après leur premier client : Orano.

Pour autant, les deux fondateurs n’ont pas abandonné le projet de proposer la solution aux pompiers. L’objectif à terme est d’industrialiser la solution afin d’en réduire les coûts de fabrication et donc de vente et de devenir le numéro 1 de la sécurisation low-tech par l’air : sky is not the limit est leur crédo.

partager l'article

Poster le commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *